Jules Verne

Les Frères Kip

L’un devait être âgé de trente-cinq ans, l’autre de trente. Vêtus d’habits en lambeaux, tête nue, rien n’indiquait qu’ils fussent des marins. À peu près de même taille, ils se ressemblaient assez pour que l’on pût reconnaître en eux deux frères, blonds de cheveux, barbe inculte. En tout cas, ce n’étaient point des indigènes polynésiens.

Et alors, avant même que le débarquement fut effectué, lorsque le capitaine était encore assis sur le banc d’arrière, le plus âgé de ces deux hommes s’avança à l’extrémité de la pointe, et en anglais, mais avec un accent étranger, il cria :

« Merci pour être venus à notre secours... merci !

– Qui êtes-vous ?... demanda M. Gibson dès qu’il accosta.

– Des Hollandais.

– Naufragés ?...

– Naufragés de la goélette Wilhelmina...

– Seuls sauvés ?...

– Seuls, ou du moins, après le naufrage, seuls arrivés sur cette côte... »

Au ton suspensif de ces derniers mots, il fut évident que cet homme ignorait s’il avait trouvé refuge sur un continent ou sur une île.

 

Odéon Livre brings French-language literature to an American audience. While many of our featured works have been translated into English, we focus exclusively on texts’ native versions. Plots and characters can indeed be translated, but even the most faithful interpretation will lack the power and beauty of French.

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