Jules Verne

Le Pays des fourrures

En effet, le caporal Joliffe venait d’annoncer à haute voix que, Mrs Joliffe aidant, il allait procéder à la confection du punch. Cette nouvelle fut accueillie comme elle méritait de l’être. Quelques hurrahs éclatèrent. Le bol, – c’était plutôt un bassin, – le bol était rempli de la précieuse liqueur. Il ne contenait pas moins de dix pintes de brandevin. Au fond s’entassaient les morceaux de sucre, dosés par la main de Mrs. Joliffe. À la surface, surnageaient les tranches de citron, déjà racornies par la vieillesse. Il n’y avait plus qu’à enflammer ce lac alcoolique, et le caporal, la mèche allumée, attendait l’ordre de son capitaine, comme s’il se fût agi de mettre le feu à une mine.

« Allez, Joliffe ! » dit alors le capitaine Craventy.

La flamme fut communiquée à la liqueur, et le punch flamba, en un instant, aux applaudissements de tous les invités.

Dix minutes après, les verres remplis circulaient à travers la foule, et trouvaient toujours preneurs, comme des rentes dans un mouvement de hausse.

« Hurrah ! hurrah ! hurrah ! pour mistress Paulina Barnett ! Hurrah ! pour le capitaine ! »

Au moment où ces joyeux hurrahs retentissaient, des cris se firent entendre au dehors. Les invités se turent aussitôt.

« Sergent Long, dit le capitaine, voyez donc ce qui se passe ! »

Et sur l’ordre de son chef, le sergent, laissant son verre inachevé, quitta le salon.

 

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